Le mois de décembre a été mouvementé pour Barack Obama. Après la victoire des Républicains aux législatives de novembre 2010, il était nécessaire pour le Président de prendre position afin de ne plus continuer de décevoir les électeurs centristes qui l'avaient choisi en 2008. Pari réussi dans la mesure où en ce début de mois de janvier, il est remonté de plus de 5 points dans les sondages et est proche des 50% d'approbation de la population américaine d'après un sondage récent de l'université Quinnipiac.
Un tel regain de popularité s'explique par la décision d'Obama d'essayer de se resituer au centre de l'échiquier politique, ce qui semble être la plus sage des décisions dans un contexte de cohabitation. Bien loin de le mettre hors jeu, le succès des Républicains a au contraire conduit le Président à se ressaisir sur la conduite de ses politiques et est plutôt de bon augure dans la perspective des élections présidentielles de 2012.
Quelles sont ces mesures qui ont permis à Barack Obama de regagner un certain succès ? Tout d'abord la signature du Tax cut bill a eu un impact important. Des millions de dollars se retrouvent ainsi dans les mains des américains, de quoi constituer un stimulus pour l'économie en relançant la consommation. Et certes les Républicains se sont empressés de donner leur approbation à ces réductions d'impôts sans réductions de dépenses.
De plus, l'arrivée de William Daley, ancien ministre de Bill Clinton et proche de Wall Street comme secrétaire général de la Maison Blanche le jeudi 6 janvier est encore une preuve de la volonté de Barack Obama de faire figure de centriste. Le choix de Daley, l'ancien directeur de campagne d'Al Gore pour la présidentielle et membre des instances dirigeantes de JP Morgan Chase, et opposant au programme de réforme de la santé monté par Obama, montre l'intention du Président de se rapprocher des milieux d'affaires républicains.
Mais le retour d'Obama est surtout marqué par la capacité de son dernier discours à fédérer l'Amérique.
Prononcé à l'intention des victimes de la fusillade de Tucson, il a rappelé la verve des premières allocutions de 2008, présentant un Président serein et remplissant sa fonction de leader au-dessus des partis. Derrière cette fusillade, un jeune homme de 22 ans du nom de Jared Lee Loughner, ayant tué six personnes dont un juge fédéral et une fillette de 9 ans et blessé quatorze personnes. Parmi celles-ci, Gabrielle Giffords, parlementaire qui avait sauvé son siège de justesse dans l'Arizona face à un candidat du Tea Party. Cette affaire a été saisie par la gauche comme un moyen de critiquer ce qu'elle voit comme une violence ambiante du débat politique aux Etats-Unis. Effectivement, Sarah Palin notamment et des commentateurs de gauche comme Markos Moulitsas, ont été pointés du doigt pour avoir parlé du ciblage du siège de Giffords comme une circonscription à conquérir. Elle s'est attachée à réfuter toutes les accusations mais au lieu de clarifier l'affaire, a lancé une nouvelle polémique en utilisant l'expression impropre de « diffamation sanglante » (« blood libel »). Face à cette effervescence, et aussi des critiques lancées à l'encontre de Palin par des chroniqueurs du New York Times, le discours de Barack Obama a joué un rôle apaisant, le Président engageant à ne pas « utiliser cette tragédie pour nous tourner les uns contre les autres » et en relâchant la tension sur la question de la responsabilité de la fusillade.
L'attitude d'Obama après les élections législatives de novembre est délibérément centriste, ce qui rend sa politique plus difficile à mettre en question par les Républicains. Après de tels événements, il est également probable que des deux côtés de l'échiquier politique, une attention accrue soit portée à ne pas exacerber les dissensions par une rhétorique excessive, rétablissant l'esprit unitaire de ce que Barack Obama a désigné dans son discours comme la « famille américaine »